Croquettes pour chien : comment lire et comprendre une étiquette nutritionnelle ?

femme lisant une étiquette sur une boite de croquettes pour chien

Vous tenez un paquet de croquettes à la main. Devant, tout a l’air parfait : belles promesses, viande en photo, mots rassurants. Derrière, une petite table et une liste d’ingrédients semblent moins limpides. Voici comment lire cette étiquette sans vous perdre, et choisir en connaissance de cause.

Commencez par la dénomination et l’âge du chien

Regardez la première ligne près du nom du produit. Elle indique la catégorie et la destination.

  • “Aliment complet pour chien” : cela signifie que la ration couvre tous les besoins si vous servez uniquement ces croquettes, avec de l’eau fraîche à volonté.
  • “Aliment complémentaire” : il faudra autre chose à côté (pâtée, ration ménagère, compléments). Ce n’est pas un produit pour l’alimentation quotidienne seule.
  • Stade de vie : chiot, adulte, senior. Les besoins ne sont pas les mêmes. Un chiot a besoin d’un rapport calcium/phosphore précis et d’un apport énergétique soutenu. Un chien âgé supporte souvent mieux un apport protéique de qualité et une densité énergétique modérée.
  • Taille du chien : mini, medium, maxi. Ce n’est pas du marketing pur. La taille de la croquette change la mastication et parfois la vitesse d’ingestion.

Si la mention ne correspond pas à votre chien, reposez le paquet. Vous gagnez du temps.

Lisez la liste d’ingrédients (ordre décroissant)

Les ingrédients sont classés du plus présent au moins présent. Les 4 ou 5 premiers pèsent le plus lourd dans la recette et donnent une idée de la qualité réelle du produit. Si vous souhaitez en savoir plus, regardez la proportion entre protéines animales, céréales et légumineuses, elle influence la digestibilité et l’équilibre nutritionnel.

  • Origine des protéines : “poulet”, “saumon”, “agneau” ou “protéines déshydratées de volaille”, “farine de poisson”. Les formes déshydratées sont concentrées, car on a retiré l’eau. Un “poulet frais 20 %” peut sembler généreux, mais il perd du poids au séchage. Au final, la proportion réelle de protéines animales peut être plus faible que ne le laisse penser l’étiquette.
  • “Sous-produits animaux” : terme large. Il peut inclure des pièces nutritives (abats) mais aussi des parties moins nobles. Cherchez une espèce nommée (“sous-produits de poulet”) plutôt qu’un terme trop vague.
  • Céréales et légumineuses : riz, maïs, blé, orge, avoine, mais aussi pois, lentilles, pois chiches. Rien de diabolique en soi. Le risque, c’est le “fractionnement” : plusieurs sources similaires (ex. “pois”, “amidons de pois”, “fibres de pois”) placées plus bas dans la liste pour masquer leur poids global. Additionnez-les mentalement pour comprendre la vraie place des végétaux.
  • Huiles et graisses : “huile de saumon”, “graisse de volaille”, “huile de colza”. Une source d’oméga-3 identifiée est un bon point (saumon, hareng).
  • Additifs : vitamines, oligo-éléments, antioxydants. Rien d’anormal. Privilégiez des conservateurs nommés (tocophérols = vitamine E) plutôt que des mentions floues.

Astuce : si la viande ou une protéine animale clairement nommée n’apparaît pas dans les deux premiers ingrédients, passez à une autre référence, surtout pour un chien actif ou un chiot.

À propos du “sans céréales”

Le “sans céréales” n’est pas un gage de qualité en soi. Cela peut convenir à certains chiens sensibles au blé, par exemple. Mais beaucoup de recettes remplacent les céréales par des légumineuses en quantité voisine. Ce qui compte, c’est la qualité des protéines et l’équilibre global, pas seulement l’absence de céréales.

Comprendre l’analyse garantie (les pourcentages)

Sur une étiquette européenne, vous voyez souvent : protéines brutes, matières grasses brutes, cellulose brute (fibres), cendres brutes (minéraux), humidité. Ces chiffres sont sur poids total, humidité comprise. Pour comparer deux croquettes, il vaut mieux raisonner en base sèche (hors eau).

Exercice rapide :

Une étiquette indique : protéines 26 %, graisses 14 %, fibres 3 %, cendres 7 %, humidité 10 %.

  1. Base sèche = 100 − humidité = 90.
  2. Protéines en base sèche = 26 ÷ 90 × 100 ≈ 28,9 %.
  3. Graisses en base sèche = 14 ÷ 90 × 100 ≈ 15,6 %.
  4. Fibres en base sèche = 3 ÷ 90 × 100 ≈ 3,3 %.
  5. Cendres en base sèche = 7 ÷ 90 × 100 ≈ 7,8 %.

Vous pouvez faire la même chose pour comparer des gammes. Cela évite les illusions liées à l’humidité.

Que signifient ces éléments ?

  • Protéines : base de la ration. Visez une source animale de qualité en tête d’ingrédients, surtout pour les chiots et les chiens de chasse ou sportifs.
  • Matières grasses : énergie et acides gras. Un chien actif supporte un taux plus élevé. Un chien sédentaire aura besoin d’un taux modéré.
  • Cellulose (fibres) : utile pour la satiété et le transit. Trop haut, cela peut diluer l’énergie et les nutriments.
  • Cendres (minéraux) : indicateur global (calcium, phosphore, etc.). Des cendres très élevées peuvent signifier beaucoup d’os ou de minéraux.
  • Humidité : faible dans les croquettes (autour de 8–10 %). D’où l’importance de l’eau à disposition.

Et les kilocalories ?

Toutes les étiquettes n’affichent pas l’énergie métabolisable (kcal/100 g). Quand elle est indiquée, vous pouvez ajuster les rations plus finement. À défaut, la densité énergétique se devine partiellement via les graisses et, dans une moindre mesure, les protéines. Si votre chien prend du poids avec une petite quantité, il est probable que la croquette soit très dense.

Additifs nutritionnels : à quoi servent-ils ?

Vous verrez une rubrique “additifs nutritionnels” : vitamines (A, D3, E…), minéraux (zinc, cuivre, fer…), parfois chondroprotecteurs (glucosamine, chondroïtine), L-carnitine, taurine.

  • Vitamines et minéraux : ils compensent la cuisson et assurent l’équilibre sur la durée. Rien d’étonnant.
  • Antioxydants : tocophérols (vitamine E) ou autres. Leur rôle est de protéger les graisses de l’oxydation.
  • Oméga-3 : DHA/EPA issus de poissons. Intéressants pour la peau, le pelage et plus largement la santé.
  • Taurine : utile dans certaines recettes. La recherche a souligné des liens entre formulations particulières et incidents cardiaques sur certaines populations de chiens. Le sujet reste surveillé. Lisez les compositions complètes et demandez conseil en cas de doute.

Si la liste d’additifs vous semble trop opaque, contactez la marque. Une réponse précise sur l’origine des micronutriments est un bon signe de sérieux.

Allégations et mots à la mode : gardez la tête froide

Vous croiserez “riche en viande”, “mono-protéine”, “hypoallergénique”, “digestes”, “artisanal”, “naturel”. Ces mentions n’ont pas toutes la même valeur.

  • “Riche en…” : vérifiez la liste d’ingrédients et le taux de protéines.
  • “Mono-protéine” : une seule source animale. Utile pour un essai d’éviction en cas de suspicion d’allergie, mais il faut que l’atelier évite les contaminations croisées.
  • “Hypoallergénique” : terme utilisé largement. Pour un vrai protocole, un vétérinaire peut proposer une ration d’éviction ou une croquette hydrolysée.
  • “Naturel” : souvent flou. Replongez dans la liste et l’analyse garantie.
  • “Sans…” (céréales, colorants…) : regardez ce qui remplace l’ingrédient retiré.

Anecdote : une lectrice nous a écrit après deux mois de grattage chez son border collie. Elle avait choisi une recette “sans céréales”, persuadée d’éliminer la cause. Le chien réagissait en fait à une protéine de volaille. Elle est passée sur un mono-protéine au poisson avec un plan de transition. Les démangeaisons ont régressé. Le “sans” n’était pas le bon fil à tirer. La clarté vient d’abord de l’ingrédient principal et du protocole suivi avec le vétérinaire.

Hydratation et digestion : pensez au quotidien

Les croquettes sont sèches. L’eau doit être accessible, propre, renouvelée. Une fontaine peut aider les chiens qui boivent peu. Pour les estomacs sensibles, servez la ration à horaires réguliers et évitez les gros écarts. Un changement de marque se fait progressivement sur 7 à 10 jours : 25 %, puis 50 %, puis 75 %, puis 100 %.

Surveillez les selles : bien moulées, marron, sans mucus ni sang. Des selles très volumineuses peuvent traduire beaucoup de fibres ou une digestibilité moyenne. Ce n’est pas dramatique, mais cela signale une recette moins adaptée à votre compagnon.

Stockage, traçabilité et dates

  • Date de durabilité minimale (DDM) : au-delà, le produit ne “tourne” pas d’un coup, mais les nutriments et les arômes peuvent perdre en tenue.
  • Numéro de lot : notez-le si une réaction survient. Il sera utile au service consommateurs et au vétérinaire.
  • Stockage : conservez dans le sac d’origine, refermé, à l’abri de la chaleur et de l’humidité. Si vous versez dans un conteneur, glissez le sac dedans pour garder les infos et limiter le contact à l’air.
  • Sacs très grands : pratique pour le prix, moins pour la fraîcheur si votre chien mange peu. Mieux vaut un format que vous finissez en 4 à 6 semaines.

Comment comparer deux croquettes sans y passer la journée

Comparer deux paquets de croquettes peut vite tourner à la prise de tête si vous ouvrez toutes les lignes en même temps. Le plus simple est de suivre toujours le même ordre. Commencez par vérifier la mention “aliment complet” et le stade de vie indiqué (chiot, adulte, senior). Ensuite, regardez les trois premiers ingrédients : ils doivent montrer clairement l’origine des protéines. Une viande nommée ou une protéine animale déshydratée en tête d’étiquette inspire plus confiance qu’un mélange vague de sous-produits. Regardez aussi si les végétaux sont fractionnés en plusieurs lignes (pois, amidon de pois, fibres de pois) pour gonfler artificiellement leur place.

Après ce premier tri, comparez les pourcentages : protéines et graisses sur base sèche donnent une idée plus juste que les chiffres bruts. Jetez aussi un œil au taux de cendres, à la présence d’oméga-3 et au niveau d’énergie (kcal/100 g) si indiqué. Ne vous perdez pas dans le marketing : les formules “sans” ou les slogans rassurants ne doivent pas remplacer l’analyse de la composition. Une fois votre sélection faite, choisissez la recette qui correspond le mieux au mode de vie de votre chien, puis observez-le pendant trois semaines : poil, énergie, appétit, selles. Ce retour concret vaut plus que les promesses de l’étiquette.

Check-list pour votre prochaine lecture d’étiquette

  • Aliment complet” et stade de vie adaptés à votre chien
  • Protéine animale nommée en tête (poulet, dinde, saumon, agneau…)
  • Pas de fractionnement massif qui masque la part végétale
  • Protéines et graisses en base sèche cohérentes avec l’activité
  • Oméga-3 identifiés (huile de poisson, farine de poisson)
  • Additifs nutritionnels lisibles (vitamines, minéraux, antioxydants nommés)
  • Énergie (kcal/100 g) si elle est disponible
  • Tableau de ration clair, ration pesée à la balance
  • Traçabilité conservée (lot, DDM), stockage au sec
  • Observation du chien : poil, selles, forme, envie de bouger

Vous n’avez pas besoin de devenir nutritionniste. Avec ces réflexes, vous lisez une étiquette facilement et vous repérez les recettes qui conviennent à votre compagnon. Si un point reste flou, écrivez à la marque et parlez-en à votre vétérinaire. Votre chien vous donnera la meilleure réponse : dans l’assiette, dans la gamelle… et dans son énergie au quotidien.

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